Comment préserver l’Abeille Noire à Ouessant ?
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12 août 2024
10 minutes de lecture
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Ouessant est aujourd’hui un des derniers sanctuaires de l’Abeille Noire. En effet, c’est sur l’île que l’on trouve les dernières abeilles noires dont la génétique a été préservée de l’hybridation des autres races d’abeilles non endémiques, grâce à l’action de l’association conservatoire de l’abeille noire bretonne : ACANB. Explications.
Pourquoi l’abeille noire est-elle si précieuse ?
Apis mellifera mellifera est apparue dans l’ouest de l’Europe il y a un million d’années, bien avant Homo sapiens. En survivant à deux périodes glaciaires, elle a développé de remarquables qualités de résistance et d’adaptabilité.
L’Abeille noire bretonne est une souche locale, rustique et économe. Elle gère ses ressources avec prudence et son rythme de vie est adapté au climat et à la flore ouessantine (et Bretonne). Elle est trapue, robuste, adaptée au vent, autonome dans la gestion de ses réserves. Autant de raisons qui font qu’elle traverse avec succès l’hiver breton.
L’hybridation avec d’autres sous-espèces d’abeilles introduites à la fin du 20ᵉ siècle pour des raisons de rendement menace l’Abeille noire de disparition.
En 2006 et 2019, des tests réalisés par Lionel Garnery, chercheur au CNRS, constatent que l’Abeille noire bretonne élevée à Ouessant est génétiquement pure à 99%.
En ces temps de bouleversements climatiques, ses qualités sont la raison de sa survie. À l’inverse, les abeilles hybrides, issues de croisements avec des races plus productives mais moins adaptées à leur environnement, nécessitent un plus grand suivi de la part de l’apiculteur, Ces abeilles sont beaucoup plus fragiles à l’état sauvage.
L’Abeille Noire à Ouessant
L’Association conservatoire de l’Abeille noire bretonne (ACANB) a été créée en 1989 pour protéger Apis mellifera mellifera, l’Abeille noire.
Élevée à Ouessant depuis 1978, date de son introduction par un apiculteur amateur, Georges Hellequin, la santé florissante de la population et son intégrité génétique contrastent alors avec la situation de l’Abeille noire sur le continent, où elle subit les conséquences de l’arrivée du parasite Varroa destructor, venu d’Asie au début des années 80, et des multiples hybridations avec d’autres abeilles mellifères plus productives, l’apiculture n’échappant malheureusement pas au désir de production de masse.
En 1991, la commune d’Ouessant, afin de préserver les colonies vivant sur l’île, a interdit toute introduction d’abeilles sans un contrôle strict. Une Charte apicole est adoptée en 2010 par la commune, pour renforcer la protection sanitaire et génétique de l’Abeille Noire Bretonne à Ouessant. A ce titre, un arrêté municipal interdit toute introduction d’abeilles
L’Abeille Noire menacée
Aujourd’hui, l’île d’Ouessant n’est plus un refuge indemne de tous les maux continentaux :
- Varroa destructor, parasite de l’abeille, est arrivé sur l’ile. Son arrivée a provoqué une mortalité très importante des abeilles de l’île.
- Le Frelon asiatique (Vespa Velutina), chasseur d’insectes pollinisateurs, a franchi la barrière océanique.
- La Loque américaine, maladie causée par une bactérie qui infecte les larves jeunes, s’est développée dans les colonies affaiblies par le Varroa.
Un très gros travail est entrepris tout au long de l’année par les apiculteurs bénévoles pour sauvegarder les colonies et gérer au mieux les conséquences de ces bouleversements récents.
Malgré la chute drastique du nombre d’abeilles en 2021, Ouessant garde ses atouts insulaires : l’Abeille Noire y est protégée contre les hybridations, elle bénéficie d’un écosystème riche en floraisons étalées dans le temps (du prunellier aux ajoncs et bruyères, en passant par les fleurs de ronce) et d’un environnement exempt de pesticides.
C’est pourquoi les apiculteurs adhérents de l’association sont confiants dans l’avenir de l’Abeille Noire bretonne élevée à Ouessant.
Comment préserver ce trésor naturel ?
- En pratiquant une apiculture durable : En utilisant les ressources locales et en respectant les rythmes de vie des abeilles.
- Des recherches scientifiques : Pour conserver au mieux ce patrimoine génétique unique. L’ACANB-Ouessant travaille avec des scientifiques de l’INRAE, de l’ANSES et du CNRS pour analyser les données biologiques et prendre les mesures nécessaires à la bonne santé des abeilles. La communauté scientifique du monde entier regarde ce qui se passe à Ouessant. L’Abeille Noire locale sert en effet « d’étalon » pour de nombreuses études.
- Pédagogie et information : Parce que l’on respecte et protège mieux ce que l’on connaît. Le Conservatoire a mis en route plusieurs projets : une exposition permanente sur l’Abeille Noire bretonne au phare du Stiff, l’aménagement du lieu pour un meilleur accueil des visiteurs, des interventions auprès des scolaires. Une Fête de l’Abeille Noire est organisée tous les ans en septembre.
- Une veille environnementale : Pour conserver un milieu insulaire exempt de pesticides et riche en plantes mellifères, faire barrage à tout apport extérieur (abeilles, matériel génétique… ) susceptible de porter atteinte à l’intégrité des colonies ou d’introduire des virus et des parasites.
Enfin, une expo Grand Format est à visiter sur l’île, au phare du Stiff jusqu’en novembre 2024.
Les ressources et partenaires de l’association
- Le miel d’Ouessant est classé parmi les miels d’exception, grâce à ses qualités physico-chimiques, et son goût très particulier. Les ventes de miel sont inégales d’une année sur l’autre, mais participent au financement de l’association. Il est vendu exclusivement sur l’île, au phare du Stiff.
La production est variable, mais l’ACANB réserve la plus grande partie de sa production à la vente sur l’île.
- La région Bretagne soutient financièrement notre action,
- La société Guerlain est mécène de l’ACANB depuis 2014. Elle participe aussi au financement des très couteuses études génétiques et scientifiques, et achète chaque année une partie de la production de miel.
Guerlain utilise ainsi le miel d’Ouessant dans sa gamme de produits « Abeille Royale »
- Les adhérents et leurs cotisations
- Les donateurs
🐝 En savoir : ACANB – Association Conservatoire de l’Abeille Noire Bretonne
Sauvegarder l’abeille noire
La Région s’implique historiquement dans la sauvegarde de l’abeille noire, abeille mellifère de l’ouest européen, au travers notamment du soutien qu’elle attribue depuis de nombreuses années à l’association du conservatoire de l’abeille noire bretonne d’Ouessant (ACANB Ouessant). L’abeille noire fait partie de la dizaine de races locales domestiques sauvegardées en Bretagne, dont les instances de gestion sont réunies au sein de la Fédération régionale des races de Bretagne, réseau initié et accompagné financièrement par la Région Bretagne.
Avec la mise en place d’un Plan régional pollinisateurs, la Région fait le choix de renforcer son engagement en faveur de l’abeille domestique et élargit son attention à la préservation des pollinisateurs au sens large, intégrant l’ensemble des pollinisateurs sauvages (bourdons, papillons, coccinelles, …). La mise en place d’un plan d’actions opérationnel sur le sujet devra permettre d’enrayer le déclin massif des populations d’insectes, au rôle fondamental dans le fonctionnement des écosystèmes et essentiel au maintien d’une production alimentaire abondante et diversifiée.
Sous l’autorité de l’Etat et de la Région, un comité de pilotage regroupant acteurs institutionnels, associations environnementales, acteurs économiques, organismes de recherche, collectivités locales et experts techniques est chargé de définir les priorités de ce plan d’action autour des thématiques suivantes :
- l’amélioration des connaissances scientifiques,
- l’accompagnement des projets agricoles et sylvicoles,
- la préservation des pollinisateurs par un aménagement intégré du territoire
- enfin, la préservation de la santé des pollinisateurs.
Le Plan breton en faveur des pollinisateurs sauvages et domestiques sera finalisé et présenté au cours de l’année 2025.
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