Historiquement mobilisée en faveur de la reconquête de la qualité de l’eau et des milieux aquatiques, la Région accompagne techniquement et financièrement les structures porteuses de SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux) et de bassins versants dans l’objectif d’atteindre les objectifs assignés par l’Europe et le SDAGE (Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux) Loire Bretagne.
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322Mde m³ d’eau prélevés en Bretagne en 2020.
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77%des prélèvements destinés à l’alimentation en eau potable.
Source : Chiffres clés de l’eau en Bretagne – édition 2022, par l’Observatoire de l’Environnement en Bretagne
La ressource en eau subit aujourd’hui en Bretagne, comme sur le reste du territoire français, l’impact du changement climatique. Le maintien et le développement du tissu social et économique breton sont liés à la préservation de l’eau, en quantité et en qualité. Pour faire face à ces nouveaux enjeux, la Région anime de manière partenariale un Plan de Résilience, afin que la Bretagne soit plus résiliente face aux impacts du changement climatique et aux enjeux de la gestion de l’eau.
En Bretagne, le réseau hydrographique est dense. Il s’étend sur 30 000 km de cours d’eau répartis en une multitude de petits bassins côtiers. Cela constitue la spécificité du territoire breton et contribue à une imbrication profonde entre parcelles agricoles, villes et bourgs ruraux, rivières et milieux côtiers, source de richesses mais aussi de fragilités.
Autre spécificité à l’échelle française : le territoire breton est entièrement couvert de SAGE (au nombre de 21).
Les défis concernant la préservation de l’eau et des milieux aquatiques en Bretagne
Depuis plus de 30 ans, les acteurs bretons se sont mobilisés pour reconquérir la qualité de l’eau et restaurer les milieux aquatiques. De nombreux efforts ont été réalisés et des résultats sont aujourd’hui visibles, notamment à l’Ouest de la Bretagne.
Pour autant, l’état des lieux du bassin Loire-Bretagne 2019, préalable à la rédaction du SDAGE 2022-2027, montre qu’en Bretagne seuls 34% des masses d’eau « cours d’eau » et 6% des plans d’eau sont en Bon Etat. Le SDAGE fixe un objectif ambitieux de 61 % des eaux en bon état à atteindre à l’horizon 2027.
Cette situation s’explique par des altérations liées à la pollution des cours d’eau par les pesticides (55%) mais aussi par la dégradation de leur morphologie (52%), de leur régime hydrologique (39%) ainsi qu’une continuité écologique défaillante (pour 38% de pressions significatives).
Le traitement de ces problématiques doit passer par une vision stratégique du territoire et une approche intégrée de l’eau, mobilisant les leviers des politiques de l’aménagement et du développement économique notamment.
La Région reconnaît les Commissions Locales de l’Eau (CLE) comme un acteur incontournable de la politique de la gestion intégrée de l’eau. A ce titre, la Région Bretagne soutient les structures porteuses des SAGE, assurant le secrétariat des CLE.
Elle accompagne également la mise en place de programmes opérationnels de gestion intégrée des eaux par bassin versant (restauration des milieux aquatiques, accompagnement au changement de pratiques en agriculture, appui à la gestion alternative des eaux pluviales…).
Sur les territoires en bon état, les cours d’eau et milieux humides sont sources de nombreuses aménités positives pour la population (eau potable, support d’activités de loisirs…) et constituent des supports de biodiversité. Il est essentiel de valoriser ces patrimoines naturels et culturels et de les placer au cœur des réflexions territoriales pour l’aménagement du territoire. Afin de contribuer à la reconquête de ces différents milieux et à la reconnaissance de leur diversité écologique, la Région Bretagne apporte également son soutien aux actions de préservation des milieux aquatiques et des zones humides sur ces territoires.
Les défis concernant la gestion quantitative de l’eau : la Bretagne rattrapée par le changement climatique
La Bretagne n’a pas été épargnée par la sécheresse en 2022. La situation a été très critique : il y a eu des ruptures d’alimentation en eau potable dans certaines petites communes. L’île de Groix a été contrainte d’installer une unité de dessalement d’eau de mer pour subvenir aux besoins en eau potable des îliens et des touristes. L’approvisionnement en eau potable des territoires bretons a reposé sur des transferts d’eau via les interconnexions au prix de fortes dépenses énergétiques.
Cet épisode a permis de révéler la dimension finie de la ressource en eau. Elle met en évidence notre fragilité dans l’accès à l’eau, sa disponibilité variant désormais considérablement dans le temps et dans l’espace. La Bretagne présente des spécificités : l’eau potable est majoritairement produite à partir des eaux de surface (à 75 %) et les bassins versants, par leur géologie et leur morphologie, réagissent rapidement en l’absence de précipitations. Ces particularités augmentent notre fragilité.
Nous devons donc penser l’avenir de la Bretagne en intégrant cette contrainte sur la ressource en eau. Les enjeux sont multiples : sobriété, infiltration de l’eau dans les sols, préservation de la qualité de l’eau en vue de diversifier et sécuriser l’approvisionnement en eau potable…
Cela est d’autant plus important que notre territoire est attractif. La région devrait accueillir 280 000 habitants supplémentaires d’ici 2070 selon l’INSEE. La ressource, en quantité et en qualité, est intimement liée à l’aménagement de notre territoire : elle est indispensable pour accueillir des populations permanentes et touristiques et des activités économiques. Dans le contexte du changement climatique, ce sont aussi nos capacités de rejet des eaux, même traitées, dans les milieux qui vont être mises de plus en plus en question.
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Le Plan breton de résilience pour l’eau
La Région exerce une mission d’animation et de concertation dans le domaine de l’eau, reconnue par décret en 2017. Elle s’appuie notamment pour cela sur l’Assemblée bretonne de l’eau (ABE). Installée en janvier 2022, elle est issue de l’évolution de la Conférence bretonne de l’eau et des milieux aquatiques (CBEMA), datant de 2015. Elle s’en distingue par sa composition, son fonctionnement et une structuration en 3 collèges : acteurs publics (majoritaires), acteurs économiques et acteurs de la société civile. En capacité de voter des vœux et motions, elle a pour objectif de renforcer le poids de la politique de l’eau, et de produire concrètement sur des sujets très opérationnels : création d’outils, études, construction de dispositifs… utiles aux territoires bretons.
Durant la tenue de l’Assemblée bretonne de l’eau du 11 octobre 2022, le Président Loïg Chesnais-Girard a proposé le lancement d’un Plan breton de Résilience pour l’eau visant à rendre la Bretagne plus résiliente face aux enjeux du changement climatique et de la gestion quantitative de la ressource en eau. Il s’agit d’un cadre construit de manière partenariale, invitant les acteurs bretons à se mobiliser en faveur de la sobriété et de l’adaptation. Chacun, à la mesure de ses compétences et de ses leviers d‘actions, au regard des thèmes qu’il juge prioritaires, est appelé à s’engager dans le plan.
Ce Plan breton de Résilience pour l’eau a été validée en Assemblée bretonne de l’eau le 30 mai 2023. Il est copiloté par la Région et l’État. Il repose sur 6 axes forts et un axe complémentaire, sous la responsabilité de l’État :
- Encourager la sobriété dans les usages de l’eau
- Préserver les ressources existantes
- Favoriser le stockage de l’eau dans les sols
- Activer le levier du financement
- Anticiper d’éventuels conflits d’usages au travers de la solidarité et de l’aménagement du territoire
- Poursuivre le partage de connaissances
- Améliorer la gestion de crise sécheresse (Axe complémentaire piloté par l’Etat).
La lutte contre les algues vertes, les pollutions liées aux pesticides
La Bretagne doit relever d’importants défis vis-à-vis des proliférations d’algues vertes et des pollutions liées aux produits phytosanitaires (eau potable et santé). Ces sujets requièrent des approches transversales.
Le plan de lutte contre la prolifération des algues vertes (PLAV) lancé en 2010, a été prolongé en 2017 puis en 2022. Il est copiloté par l’Etat et la Région Bretagne. L’objectif de ce plan était la réduction des flux de nitrate, cause de la prolifération des algues vertes sur les plages bretonnes. Les concentrations en nitrates dans les eaux des fleuves côtiers qui alimentaient les baies algues vertes ne baissaient plus que faiblement depuis 2015-2016. Un nouveau plan de lutte contre les algues vertes a donc été lancé pour la période 2022 – 2027 (PLAV 3). Pour les baies algues vertes, les objectifs de réduction des flux d’azote (nitrate) à l’horizon 2027 susceptibles de faire reculer significativement et durablement le phénomène des échouages d’algues vertes en Bretagne, sont fixés à «30 % au moins », ce qui correspond à des réductions des teneurs en nitrates de 10 à 15 mg/litre selon les cours d’eau. La Région met 8,15 millions d’euros sur cinq ans dans la lutte contre les algues vertes. Pour limiter les quantités de nitrates d’origine agricole dans l’eau, ce plan repose sur des aides aux agriculteurs afin qu’ils améliorent leurs pratiques et leurs systèmes. Après avoir accompagné les communes et intercommunalités de Bretagne à réduire puis arrêter l’usage de produits phytosanitaires sur l’espace public, la Région Bretagne s’engage désormais à soutenir des expérimentations territoriales en faveur de la sortie des pesticides en agriculture. L’objectif de tendre vers le 0 phyto à l’horizon 2040 est d’ailleurs inscrit au SRADDET (Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité des Territoires).