Accompagner la transition des agricultures de Bretagne
2 Septembre 2019
11 minutes de lecture
L’actualité agricole et environnementale très dense de ces dernières semaines conforte la Région dans ses choix et dans les priorités qu’elle s’est fixées dans le cadre de sa politique agricole et de ses engagements pris depuis plusieurs années et validés de nouveau par la BreizhCOP. À quelques jours de l’ouverture du SPACE, Loïg Chesnais-Girard, Président de la Région Bretagne, réaffirme, au côté de son Vice-président Olivier Allain, ses convictions : il est nécessaire de poursuivre la transformation de nos exploitations vers l’agroécologie. Mais, pour ce faire, la politique agricole commune post 2020 doit être à la hauteur des enjeux, tant en termes de budget, que d’ambitions et de gouvernance. La Région Bretagne profite du salon agricole pour réunir la coalition des AgriRégions d’Europe mobilisées pour une PAC plus équitable, durable et réaffirme au gouvernement sa demande de maintenir la régionalisation des fonds FEADER.
Avec un budget dédié de 28 M€ et la gestion de 370 M€ fonds européens (FEADER) pour la période 2014-2020, la Région Bretagne s’est fixé comme priorité d’accompagner la nécessaire transition des exploitations agricoles. Elle a particulièrement mis l’accent sur le soutien aux mesures agroenvironnementales et climatiques (MAEC) et les aides à l’agriculture biologique.
Priorité à l’agroécologie pour accompagner les transitions
Depuis 2015, 195 M€ ont été dédiés aux Mesures Agro-Environnementales et Climatiques (MAEC) et aux aides à l’agriculture biologique (107,5 M€ FEADER / 22 M€ Région Bretagne / autres financeurs Etat et Agence de l’eau), deux outils majeurs du second pilier de la PAC pour accompagner le changement des pratiques agricoles.
Ce sont ainsi 5 000 agriculteurs qui se sont engagés dans des changements de pratiques en contrepartie d’une aide. Ainsi 1/3 des exploitations bovines (lait et viande) qui ont pu s’engager dans des mesures de transition. Et, alors que 30% des aides publiques sont uniquement dédiés à l’agriculture biologique soit 32 M€/an, ce sont 200 conversions en agriculture biologique qui sont accompagnées, chaque année, en Bretagne. Désormais, 3 000 exploitations sont en agriculture biologique (sur un total de près de 26 800 exploitations recensées en Bretagne).
Cette forte mobilisation des agriculteurs bretons dans la transition de leur exploitation est le résultat d’une gestion du FEADER à l’échelle régionale permettant une adaptation des dispositifs aux réalités bretonnes et à la volonté politique de la Région Bretagne.
Aide à l’installation et préservation du foncier
Terre historiquement agricole, la Bretagne est la région où l’on compte le plus de créations ou reprises d’exploitations en France. Alors que le renouvellement des générations est un enjeu majeur pour le développement d’une agriculture performante et durable, la Région a accompagné 471 agriculteurs dans leur projet d’installation en 2018.
Et, au-delà d’un accompagnement financier (46,2 M€ de fonds publics depuis 2014), l’installation en agriculture pose la question du foncier disponible. Les échanges autour de la Breizh COP ont permis de réaffirmer le rôle du foncier comme levier de réponse aux enjeux environnementaux, par la préservation des espaces agricoles et naturels notamment.
Loïg Chesnais-Girard l’a d’ailleurs rappelé dans le cadre d’une déclaration, le 22 août, lors du débat autour de l’usage des pesticides : s’il appelle de ses vœux l’arrêt de l’usage des pesticides, dans un cadre législatif clair qui accompagne les agriculteurs dans ces changements de pratique, il précise « …cette discussion nécessite un corollaire : que nous nous attaquions aussi à la disparition des terres agricoles, grignotées par les lotissements et zones d’activités. Ce combat-là est tout aussi important si l’on veut continuer à assumer notre souveraineté alimentaire, mais aussi à lutter contre l’effondrement de la biodiversité ».
C’est dans ce même sens de préservation de la biodiversité, que la Région appuie sur une montée en puissance du programme Breizh bocage. Depuis 2015, 16,5 M€ de fonds publics ont permis de soutenir les plantations des haies et talus qui sont aussi des outils dans le cadre de la reconquête de la qualité des eaux. En 10 ans, ce sont 4 000 km de plantations qui ont été aidés financièrement.
La modernisation des exploitations
Autre grand axe soutenu par la politique régionale : la modernisation des exploitations agricoles. L’enjeu est ici d’accompagner les agriculteurs dans l’amélioration de la compétitivité via des exploitations plus performantes d’un point de vue énergétique notamment. A travers le Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles (PCAEA), 190 M€ de soutiens publics (dont 53 M€ de la Région) ont été engagés depuis 2014 afin d’aider 9 200 exploitations qui ont investi plus d’1 milliard d’euros pour se moderniser.
La Région a notamment lancé en mars dernier un appel à projets pour développer l’agri-photovoltaïque pour aller vers l’autonomie énergétique. Ce sont ainsi plus de 170 dossiers qui seront soumis au vote des élus régionaux en novembre prochain pour un montant d’aides de 1,7 M€. Ces projets représentent, au total, la production nécessaire à la consommation électrique de 1 500 foyers bretons.
Dans le cadre du plan de soutien à la filière volaille, acté fin 2018, la Préfecture, la Région et les acteurs de la filière ont affirmé leur volonté de bâtir une filière amont performante et durable. Elle se traduit notamment par le lancement du plan bâtiment qui soutient la construction de bâtiments neufs en volailles de chair.
Ce soutien a pu être décrié ces derniers jours, mais ce sont ici des enjeux de souveraineté alimentaire de la France qui sont en question. Dans le contexte actuel de marché, si notre pays ne souhaite pas être tributaire uniquement d’importations de poulets, la France –et la Bretagne en particulier- doit continuer à produire de la volaille pour satisfaire la demande des consommateurs. La Région Bretagne a pris sa part de responsabilité en investissant 5 M€ dans le plan volailles. Elle veut ainsi accompagner une montée en gamme et le déploiement d’une filière amont performante et durable.
Afin que cette filière soit indépendante des importations de soja, il faudrait développer la production de protéagineux en Europe. L’enjeu est aujourd’hui, qu’en France et en Europe, on soit en capacité de produire les protéagineux en quantités suffisantes pour nourrir nos cheptels et donc viser l’autonomie protéique.
PAC post 2020 : préserver une gestion régionale
Toute cette dynamique régionale est dépendante des orientations européennes. Alors que les discussions sont en cours pour définir la Politique Agricole Commune d’après 2020, la Région Bretagne est fortement mobilisée pour que le budget dédié soit à la hauteur des enjeux et que les fonds FEADER (2e pilier de la PAC) soient gérés à l’échelle régionale.
Elle coordonne la Coalition des AgriRégions : un réseau de 14 régions de 6 pays de l’UE, créé en 2018, qui vise à défendre une future PAC plus équitable & durable ainsi que le maintien de l’échelon régional dans sa mise en œuvre. Sa volonté est de convaincre et de prouver, par l’exemple, à quel point l’efficacité de la PAC repose sur la prise en compte des spécificités locales qui permettent d’adapter les réponses aux réalités et besoins de chaque territoire.
A l’occasion du SPACE, la Région Bretagne réunira les AgriRégions pour deux jours de travail. A l’issue d’un séminaire, le 12 septembre à 9h30 dans l’enceinte du salon (espace Région Bretagne—porte B), la coalition des AgriRégions signera un manifeste formalisant la position et les actions engagées auprès des instances décisionnaires européennes.
Retrouvez ci-dessous le dossier de presse complet.
Partager :